dimanche 31 janvier 2010

La zique de quand j'étais jeune


Quand j'étais petit garçon, je m'étais promis de ne jamais employer l'expression "quand j'étais jeune", pensant (et faut être jeune pour penser ça) qu'on reste jeune tant qu'on n'a pas décidé que c'était fini. Dans quelques mois, je vais entamer mon deuxième cinquantenaire, et si je reste globalement assez d'accord avec cette volonté de nier l'évidence aussi longtemps que possible, je suis bien forcé de reconnaître qu'il y a aujourd'hui des domaines dans lesquels la jeune génération n'acceptera plus jamais de me considérer autrement que comme un vieux con. Sur ces points précis, je prouve plus élégant d'assumer que de nier l'évidence. Donc, à titre exceptionnel, je vais vous entretenir ici de la musique que j'écoutais "quand j'étais jeune" -- c'est-à-dire au temps pas si lointain des disques en vinyle.

J'y ai repensé parce que ce week-end, profitant de ce que l'on m'avait confié un enregistreur numérique ("de mon temps", ça s'appelait un magnétophone, mais justement ça n'a plus rien de magnétique), j'ai entrepris de convertir en MP3 quelques morceaux choisis extraits d'un carton de disques 33 tours qui traîne quelque part chez moi depuis... bah, depuis quelque chose comme 1991, en fait. Je peux encore et très provisoirement passer ces disques sur une platine à peu près aussi vieille dotée d'un saphir à peu près aussi vieux (et pas neuf, même s'il n'a pas énormément servi). Evidemment, ça craque comme un feu de bois, accessoirement ça saute un ou deux sillons, mais globalement ça peut être bouffé sans trop de problème par l'enregistreur, et sans micro en plus: croyez-le si vous voulez, un cordon de raccordement mini-jack tout ce qu'il y a de plus banal permet de connecter l'ampli de 1994 à l'enregistreur de 2009, et c'est là qu'on voit que l'analogique, c'est quand même rudement moins éphémère que l'informatique: même si mes vinyles vivent assurément leur derniers instants, ils restent audibles vingt à trente ans après leur achat, alors que je n'aurais pas la moindre chance de tirer quelque chose de mes disquettes de la même époque, ni même de mes sauvegardes sur Zip Iomega pourtant effectuées il y a seulement une quinzaine d'années.

A vrai dire, quand j'ouvre mon vieux carton de 33 tours, j'ai la consternation de constater que j'ai bien peu vécu l'époque de ma folle jeunesse dans le domaine musical. J'affirmais à l'époque -- et en fait, c'est toujours l'opinion que je professe par provoc -- que la musique était morte avec Schubert, et que rien de postérieur à icelui ne m'intéressait. Dans mon tas de vinyles, il y a donc très principalement de la musique classique (surtout produite par la Deutsche Grammophon), mais on trouve quand même quelques albums presque contemporains de votre serviteur -- généralement offerts par ma soeur, qui était dans ce domaine sensiblement plus contemporaine que moi; il y a aussi quelques titres offerts par mon cher père. Ces disques ne représentent donc pas vraiment mes goûts, mais je les écoutais quand même, et à les écouter craquer, il semble même que ç'ait été assez fréquemment.

J'ai écouté des trucs certes contemporains de ma folle jeunesse, mais déjà considérés comme ringards à l'époque. Tiens, voilà un disque des Compagnons de la chanson que j'ai retrouvé avec grand plaisir. Ecoutez-moi ces paroles savamment pas intellectuelles pour deux sous, on appelait ça à l'époque de la chanson populaire:

Le jour se lève
Déjà le soleil
Chasse les rêves
Enfants du sommeil
Sur la grand-place
On entend marcher
Tous ceux qui font leur marché...


Bon, admettons-le, plus ringard, tu meurs. A ma décharge, ce disque correspond sans l'ombre d'un doute aux goûts de mon pôpa à l'époque, mais c'est vrai que j'aimais bien -- et d'ailleurs j'aime toujours, et avec d'autant plus de délectation que je sais bien que personne ne me suivra sur ce terrain-là.

Voici un disque de Paul Simon. Lui, il correspond aux goûts de ma soeur (mon aînée de trois ans, ce qui, quand on est ado, correspond presque à une génération entière).

The mama pajama
Rolled out of bed
And she ran to the police station
The papa said: Oh, if I get that boy
I'm gonna stick him in the house of detention


Ah, et puis voici quand même un disque contemporain de chez contemporain, correspondant, cas rarissime, à des chanteurs à qui je m'intéressais moi tout seul sans qu'on me l'ait conseillé: les Rita Mitsouko avec les No comprendo:

Les histoires d'A
Les histoires d'A
Les histoires d'amour finissent mal
En général...


(La sagesse de Manitou parle par ta bouche, Catherine)

Mais ce qui est le mieux représenté, et de loin, ce sont les goûts du pseudo-mélomane snobinard que j'essayais d'être à l'époque. Allez, je ne vais pas m'accabler outre mesure: certes, j'y mettais beaucoup de snobisme, mais je n'avais pas entièrement tort d'aimer écouter Jean-Pierre Rampal jouant des sonates pour flûte de Beethoven, pas tort non plus de placer Harold en Italie, de Berlioz, encore au-dessus de la Damnation de Faust du même Berlioz, qui n'est pourtant pas de la petite bière.

Ben ouais! C'est ça la musique que j'aimais, au temps des disques noirs. Comme disait fort justement Georges Courteline, "il vaut assurément mieux gâcher sa jeunesse que n'en rien faire du tout."

Eh bien, tout ça se convertit gentiment en MP3 (au fait, la petite vignette là-haut, c'est une copie d'écran d'Audacity), pour pas un rond et légalement quoi qu'en puisse penser la mère Hadopi, et j'ai donc bon espoir de pouvoir écouter jusqu'à la fin de mes jours quelques extraits de mes bons vieux disques noirs qui craquent.

mercredi 27 janvier 2010

Harrison Ford et Isabelle Huppert en haut de l'affiche


Pour les crédits photo, voyez au bas de cette notule.

Amateurs de rubriques people, passez votre chemin: non, je ne vous révèle pas la distribution du prochain Spielberg, pas plus qu'une affaire de zizi-panpan entre les sympathiques personnes dont la mignonne trombine illustre cette notule... Je ne vous parle ici, comme dans ma chronique d'hier, que de l'informatisation de ma DVDthèque. Navré.

Seulement, il se trouve que Harrison Ford et Isabelle Huppert sont fort bien représentés dans ma DVDthèque, parce qu'étant assez fan du premier comme de la seconde et réciproquement, j'ai tendance à casser ma tirelire chaque fois qu'il y a moyen d'acheter d'occase un DVD dans lequel ils jouent (oui, d'occase, ou plutôt à prix bradés: j'ai beau être fan, je ne suis pas riche à millions, et il est rare que j'achète des DVD à leur prix de lancement). Au fil des ans, j'ai donc acheté 10 films avec le premier, 8 avec la seconde, non pas parce que je l'aime moins mais parce que les films français sont généralement beaucoup plus chers que les ricains. Dix plus huit parmi les quelque six cents films de ma DVDthèque, ce n'est pas tout à fait une aiguille dans une meule de foin, mais c'est largement assez pour que je ne puisse pas comme ça au débotté indiquer les titres des films en question, et encore moins leurs emplacements -- ce qui est bien dommage quand il me prend la fantaisie d'organiser de petits festivals privés avec ces jolis disques payés de mon bon argent durement gagné à la sueur de mon front.

En plus, il m'arrive d'enfouir dans les profondeurs les films avec la belle Isabelle quand la présence d'icelle est à peu près la seule chose qui me plaît en eux, ce qui n'est pas tout à fait rare -- Mme Huppert étant assez éclectique dans ses choix et ne reculant pas devant les films, hum, disons, difficiles (ça doit être difficile à jouer, mais accessoirement c'est parfois difficile à regarder) et/ou glauques. Isabelle Huppert, et d'ailleurs aussi Annie Girardot, ont quelques scènes d'anthologie dans "la Pianiste" de Michael Haneke, mais faut bien avouer qu'en dehors de ces scènes mémorables le film est carrément pénible (génial, peut-être, mais pénible, assurément). Isabelle Huppert est comme d'habitude exceptionnellement (*) belle, merveilleuse, bouleversante dans "Ma mère" de Christophe Honoré d'après Georges Bataille -- mais si elle n'y était pas ça serait purement et simplement un film de série Y (je veux dire que ça se situe quelque part entre les films X et la série Z). Donc, ces films-là, je les garde précieusement pour la merveilleuse Isabelle, éventuellement je note l'emplacement précis des bonnes scènes en heures, minutes, secondes pour surtout n'avoir pas besoin de revoir le reste... et puis je cache tout ça dans une caisse, loin des yeux innocents de mes petits neveux.

Résultat des courses: ces films que j'ai achetés avec les maigres pépettes obtenues en échange de mon asservissement au patronat apatride, au lieu de les thésauriser, je les oublie.

Eh bien, c'est fini! J'ai repris ce matin la liste de DVD constituée la veille, j'ai flanqué ça dans un tableur et j'ai ajouté une colonne "acteurs" que j'ai entièrement remplie de mémoire, à toute berzingue, en un peu plus d'une demi-journée. Faut le faire, hein, zavez vu quelle phénoménale mémoire je me paye. Oui, bon, j'exagère un peu: j'en ai rempli les deux tiers de mémoire, et le troisième tiers, je l'ai reconstitué non pas en allant fouiller ma DVDthèque et les caisses qui la complètent (allez donc entreprendre des fouilles quand un chat dort sur vos genoux), mais en farfouillant sur Wikipédia, notre amie à tous. Environ six heures de saisie, une petite conversion vers SQLite, quelques lignes à changer dans un script Python, et boum, me voici capable d'obtenir au débotté la liste de tous mes DVD avec n'importe lequel de mes acteurs préférés. Et ce, en moins de deux jours, je vous prie de le noter: avant-hier, ma base de données n'était encore qu'un projet, que dis-je, qu'un fantasme. Osez dire que je ne suis pas un informaticien super-pêchu et retaillé. Osez dire qu'on ne peut rien tirer de ces vilains logiciels libres pas conviviaux pour un sou que sont SQLite et Python.

Allez, try me. Qui cherchez-vous? Bon, à tout seigneur tout honneur, allons-y avec Harrison Ford: A propos d'Henry, Apparences, Aventuriers de l'arche perdue (les -), Dernière croisade (la -), Hollywood Homicide, Ombre d'un soupçon (l'), Présumé innocent, Guerre des étoiles - un nouvel espoir (la -), Temple maudit (le -), Witness.

Allons-y avec Isabelle Huppert: 8 femmes, Ma mère, Merci pour le chocolat, Palmes de M. Schutz (les -), Pianiste (la -), Porte du Paradis (la -), Soeurs fâchées (les -), Vie moderne (la -). Bon, admettons-le, cet état alphabétique de ma DVDthèque n'est pas du tout une filmographie sélective et chronologique, en fait dans tout le paquet il n'y a guère que "la Porte du paradis" qui mérite vraiment de figurer dans une anthologie -- et encore, il s'agit de la version abrégée par United Artists contre la volonté de Michael Cimino; je crois que le director's cut existe, mais je n'ai jamais eu les moyens de me l'offrir. N'empêche, n'empêche, quand je veux me faire un samedi pluvieux de chips et d'Isabelle Huppert, j'ai de la matière et puis pas vous, na.

Par ailleurs, ce n'est qu'un début: pour le moment, les acteurs ne sont enregistrés dans la base que comme une multitude d'inventaires associés à chaque film; il faudra bien sûr que je crée une table d'acteurs propre, avec des jointures vers la table des films... N'empêche: arriver à faire tout ça en moins de deux jours, moi je dis que ça n'est pas à la portée du premier crétin venu. C'est pas beau de se vanter, mais si je comptais sur les lecteurs de ce blog pour me faire des compliments, je risquerais d'attendre un tantinet.

Moquez-vous, moquez-vous... Je m'en fiche, moi, je suis très content de moi, voilà.

(*) Ce n'est pas une autocontradiction, c'est une figure de style empruntée au délicieux Michel Drucker, lequel reçoit tous les dimanches depuis soixante-quatre ans un invité exceptionnel.

Crédits photo. Pour Harrison Ford, (c) Gavatron/Wikipedia, licence Creative Commons Attribution-Share Alike. Pour Isabelle Huppert, (c) Nicolas Genin/Flickr/Wikipédia, licence Creative Commons Paternité.

mardi 26 janvier 2010

DVD x SQL = SGBDR + cas particuliers


Un peu cryptique, mon titre, non? Moi, j'aime bien. Bref. Parmi mes bonnes résolutions pour l'année 2010, il y avait celle d'apprendre à utiliser à fond le langage SQL. Pour ce faire, j'ai passé il y a quinze jours une bonne heure à la librairie Eyrolles pour trouver un livre suffisamment complet, pédagogique et pas trop axé sur un système de gestion de bases de données précis (la plupart des bouquins ne s'intéressent qu'à mySQL, alors que j'ai plutôt opté pour SQLite). J'ai fini par renoncer à employer un manuel français (rien trouvé de bien convaincant -- d'ailleurs j'ai déjà plusieurs titres français sur la question dans ma bibliothèque et, justement, ils ne m'ont pas convaincu) et j'ai jeté mon dévolu sur Learning SQL, d'Alan Beaulieu, chez O'Reilly (oui, j'aime bien O'Reilly; et je ne suis pas le seul), ISBN 978-0-596-52083-0, avril 2009 pour la seconde édition (zen chercherez, des blogs qui vous donnent des références aussi précises).

Le bouquin est très clair et pédagogique, parsemé d'humour ce qui ne gâte vraiment rien. Il est construit autour d'une base de données abondante et savamment emberlificotée, qu'on peut se procurer sur le site d'O'Reilly pour ensuite tester des manips avec mySQL. C'est une excellente idée, mais il s'agit bien sûr de données bidon (clients bidon, adresses bidon, produits bidon, numéros de téléphone bidon) -- alors qu'on ne progresse jamais autant dans la maîtrise des bases de données qu'en traitant des données réelles, toujours truffées d'exceptions et de cas particuliers. J'adore ça, et d'autant plus que je sais que la plupart des informaticiens gèrent ces exceptions tout simplement en les ignorant -- ce qui, à mon sens, démontre bien qu'ils sont loin d'être aussi intelligents qu'ils ne souhaiteraient le faire croire. Et si vous trouvez que j'exagère, regardez donc sur votre chéquier comment les informaticiens de votre banque ont noté votre adresse: je vous parie à dix contre un qu'elle est écrite toute en majuscules et sans accents. Ah ouais, les accents, c'est une vraie galère à gérer, surtout quand l'informaticien est une brêle -- et c'est très généralement le cas comme vous pouvez le voir: si même les kadors que s'offrent la BNP et Natixis sont infoutus de noter un c cédille, ça vous donne une idée de ce que le clampin moyen serait capable de faire avec une bibliothèque.

Eh bien moi, j'aime les exceptions, les cas foireux, les trucs qui rentrent pas dans les cases. Dans le cas de ma DVDthèque, j'aime les films qui ont plusieurs titres (qui s'appellent "Wild at Heart" in English et "Sailor et Lula" en français, par exemple), j'aime les "coffrets Paul Newman" enfermant dans un contenant unique "la Chatte sur un toit brûlant", "Doux oiseau de jeunesse" et "le Gaucher", j'aime les dynasties d'acteurs (Kirk et Michael Douglas, Henry et Jane Fonda...) qui forcent à noter les prénoms, j'aime les trilogies avec 3 DVD dans la même jaquette, j'aime les noms à coucher dehors du genre Krzysztof Kieślowski (auteur d'une jolie trilogie, justement)... Et j'affirme en toute tranquillité d'âme que l'informaticien qui fait la grimace en entendant ça, au lieu de s'enthousiasmer devant la difficulté, est une brêle.

Bref. J'y travaille. J'ai passé la journée d'hier à constituer un inventaire exhaustif des films et des jaquettes (ce qui n'est pas du tout la même chose), d'abord en lisant à voix haute devant mon dictaphone ce que je pouvais lire sur la tranche de tous mes DVD (la jolie photo illustrant cette notule représente l'un des 20 rayonnages de ma DVDthèque, mais il y a bien sûr aussi des caisses, des cartons et même des tas), puis en tapant tout ça avec mes petits doigts agiles sur emacs, puis en le faisant bouffer à OpenOffice.org Calc, puis en le convertissant en CSV, puis en le convertissant en SQL. Eh bien, une journée m'a suffi pour répertorier dans les 600 titres (dont seulement 360 installés proprement sur des rayonnages), tous achetés légalement (bonjour madame Hadopi) à une seule exception près (1) (chic, encore une exception). Tiens, pour le même prix, je vais vous filer la liste, ça attirera sur ce blog plein de trafic, nyark nyark nyark, et par ailleurs ça me permettra de la retrouver dans n'importe quel cyber-café.

Je vous reparlerai certainement de cette superbe base de données, mais pour le moment, je conclus cette notule avec la fameuse liste. A bientôt!

12 hommes en colère, 1926 Vidéo anniversaire, 20 000 lieues sous les mers, 2001, l'odyssée de l'espace, 3 âges (les -), 36, quai des Orfèvres, 37°2 le matin, 4 mariages et un enterrement, 4e étage (le -), 8 femmes, 9 semaines 1/2, A bout de souffle, A l'est d'Eden, A la poursuite du diamant vert, A la rencontre de Forrester, A propos d'Henry, A travers le miroir, Abbé Grégoire (l'-), Accords et désaccords, Addicted to Love, Affaire de goût (une -), Age de glace (l'-), Agrippine 1, Ah! Si j'étais riche, Albert est méchant, Alexandre Nevski, Alien, Allan Quatermain et la cité de l'or perdu, Amadeus, Amants du nouveau monde (les -), Amour & mensonges, Amour à New York (un -), Américain à Paris (un -), Anastasia, Animal Kingdom (the -), Antitrust, Apollo 13, Apparences, Aprile, Arcimboldo, Aristocats (the -), Arnaque (l'), Arrête-moi si tu peux, Associé (l' -), Associé du diable (l'-), Associés (les -), Attention, bandits, Au nom d'Anna, Auberge espagnole (l'-), Austin Powers, Autant en emporte le vent, Aventures de Blake et Mortimer (les -), Aventuriers de l'arche perdue (les -), Avocat du diable (l'-), Babel, Bad Company, Bad Timing, Bambi, Barber (the -), Barton Fink, Basic Instinct, Be Happy, Bee Movie, Better off dead, Bienvenue chez les chtis, Bienvenue à Gattaca, Big Lebowski (the -), Big Town (the -), Billy Elliott, Blake et Mortimer, Blanc, Blessures assassines (les -), Blessures assassines (les -), Blessures secrètes, Bleu, Blink, Blue Steel, Blue Velvet, Bodin's, mère et fils (les -), Bombon el perro, Bon, la brute et le truand (le -), Borat, Boucher (le -), Boulevard du crépuscule, Bounty (le -), Bouteille à la mer (une -), Boys, Brasil, Brigadoon, Broken Flowers, Buster Keaton, l'intégrale des courts métrages 1917-1923, Bûcher des vanités (le -), Cadavres ne portent pas de costard (les -), Cadet d'eau douce, Cage aux rossignols (la -), Caire nid d'espions (le -), Calculs meurtriers, Candidat (le -), Canonnière du Yang-Tse (la -), Caramel, Carnaval des animaux (le -), Carrie, Cars, Casablanca, Cashback, Casino, Central do Brasil, Cercle rouge (le -), Chambre du fils (la -), Chantons sous la pluie, Chaplin, Charlie Chaplin, Charlotte Gray, Chasse aux sorcières (la -), Chatte sur un toit brûlant (la -), Chevauchée fantastique (la -), Chicken Run, Chinatown, Chocolat (le -), Choses secrètes, Chute (la -), Chute libre, Chèvre (la -), Cinq cartes à abattre, Cinéma Paradiso, Cirque (le -), City Hall, Cité des anges (la -), Coffret Paul Newman, Colors, Combien tu m'aimes?, Comment se faire larguer en 10 leçons, Comtesse aux pieds nus (la -), Comédies musicales, Constant Gardener (the -), Conte de Noël (un -), Corps impatients (les -), Corps à corps, Corto Maltese, Couleur du mensonge (la -), Cri dans la nuit (un -), Cria cuervos, Crime et châtiment, Cris et chuchotements, Cyrano de Bergerac, Dame du vendredi (la -), Dames de Cornouailles (les -), Dead Man, Dead zone, Demoiselles de Rochefort (les -), Dernier Empereur (le -), Dernière croisade (la -), Desperate Hours, Dialogue avec mon jardinier, Dilettante (la -), Docteur Jivago (le -), Dogville, Don Juan, Donnie Brasco, Doublure (la -), Doux oiseau de jeunesse, Douze salopards (les -), Dragon: l'arnaque, Duplicity, Déclin de l'empire américain (le -), Désaccord parfait, Détective privé, Détonateur (le -), Dí buen día a papá, Eclair de lune, Edith Piaf, Edith et Marcel, Effroyables jardins, Eglises de France, Ile-de-France 1, Elle voit des nains partout, Emmerdeur (l'-), Empereur et l'assassin (l'-), Emprise (l'-), En direct sur Ed TV, En face, En suivant la flotte, En toute bonne foi, Enchaînés (les -), Ennemis rapprochés, Enquête (l'-), Ensorcelés (les -), Epouses et concubines, Erin Brockovich, Escale à Hollywood, Escroc malgré lui, Escrocs mais pas trop, Et au milieu coule une rivière, Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Etoile est née (une -), Etre et avoir, Etreintes brisées, Excès de confiance, Existenz, Eyes Wide Shut, Fabuleux destin d'Amélie Poulain (le -), Family Man, Fargo, Farinelli, Fauteuils d'orchestre, Feet first, Femme infidèle (la -), Femmes au bord de la crise de nerfs, Fenêtre secrète, Festen, Fille de d'Artagnan (la -), Fish and Chips, Fitzcarraldo, Fleur de mon secret (la -), Flight Plan, Flûte enchantée (la -), Fontaine d'Aréthuse (la -), Fous d'Irène, France (la -), France Boutique, Frankenstein Junior, French Connection, Furyo, Féline (la -), Gandhi, Garde à vue, Garçonnière (la -), Gattaca, Gaucher (le -), General (the -), Ghost, Girls (les -), Gladiator, Golden Door, Gone du Chaâba (le -), Good Advice, Good German (the -), Good bye, Lenin, Gouttes d'eau sur pierres brûlantes, Goût de la vie (le -), Goût des autres, Gran Torino, Grand Day Out (a -), Grand siècle français (le -), Grand sommeil (le -), Grande excursion (une -), Grande illusion (la -), Grande évasion (la -), Guerre des mondes (la -), Guerre des étoiles (la -), Guillaume le conquérant, Géant de fer (le -), Habit vert (l'-), Hamlet, Hannibal, Happy Feet, Harold et Maude, Harrisson's Flowers, Harry, un ami qui vous veut du bien, Henry and June, High School Musical, Hoffa, Hollywood Homicide, Hollywood Sunrise, Home, Homme d'exception (un -), Homme de la rue (l'-), Homme pour l'éternité (un -), Homme qui en savait trop (l'-), Hours (the -), Héritage de la haine (l'-), I am Dina, I am Sam, Ice Storm, Il faut sauver le soldat Ryan, In her Shoes, In the Mood for Love, Incorruptibles (les -), Incroyable destin de Harold Crick (l'-), 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(la -), Vérité sur Charlie (la -), Wall E, Wallace and Gromit, Witness, World Trade Center, X files - le film (the -), Y a-t-il un flic pour sauver l'humanité?, Y a-t-il un flic pour sauver la reine?, Y a-t-il un flic pour sauver le président?, Y a-t-il un pilote dans l'avion?, Yol.

Ah merde, j'ai les Blessures assassines en double! S'il y a parmi mes millions de lecteurs un fan de Sylvie Testud qui n'aurait pas déjà ce titre pourtant incontournable (la preuve: je l'ai acheté deux fois), qu'il m'écrive un commentaire avec ses coordonnées: je trouverai bien un moyen de le lui refiler et tout le plaisir sera pour moi.

(1) Dí buen día a papá, film bolivien tellement diffusé hors des circuits commerciaux qu'il n'en existe pratiquement que des versions piratées. En plus, c'est un cadeau.

dimanche 24 janvier 2010

Huit ans de geekitude


J'ai quitté hier le conseil d'administration de mon groupe de linuxiens, Parinux, après y avoir passé six ans, dont quatre comme trésorier ou trésorier adjoint (vive la quille: je n'ai jamais pris de plaisir à remplir cette fonction, je ne l'ai fait que parce que personne d'autre ne s'est porté volontaire). Au total, ça me fait huit ans de geekitude, puisque j'avais déjà été simple membre de l'association pendant deux ans avant d'entrer au CA. Huit ans, ce n'est pas rien, et ça donne envie de jeter un petit coup d'oeil en arrière.

Les geeks -- enfin, plutôt les linuxiens, car il y a aussi des geeks hors du logiciel libre -- ont pas mal changé en huit ans. En bien ou en mal, c'est affaire de jugement... en fait, je crois qu'ils ont changé en bien et en mal simultanément: ils ont acquis les qualités de certains défauts et les défauts de certaines qualités. Disons qu'il y a huit ans ils étaient nettement plus techos (à prononcer tèkausse: fan de technique) et sensiblement moins idéologues, mais les deux attitudes étaient déjà mélangées à l'époque et elles le sont encore aujourd'hui. Les proportions ont changé, c'est tout, mais elles l'ont fait notablement. Linux et les logiciels libres sont beaucoup plus simples à manipuler que naguère, donc on vient moins vers Parinux pour trouver de l'assistance technique ou partager son expérience. Internet est moins un joyeux bordel et de plus en plus dans la ligne de mire des autorités, donc on vient de plus en plus vers les associations du libre pour contester les tentatives de réglementation.

Cette évolution est normale et même, dans une très large mesure, justifiée. N'empêche que j'aime nettement moins l'ambiance qu'avant. Il y a huit ans, dans nos agapes linuxiennes, nous respections à peu près tous une espèce de netiquette orale: on parlait très peu de politique, avec des pincettes, morts de trouille à l'idée de faire fuir les trois ou quatre membres de droite de l'association; en revanche, on se lançait dans d'interminables monologues techniques auxquels personne ne bitait rien (notamment pas, dans la plupart des cas, celui-là même qui débitait le monologue; mais j'ai mis du temps à me défaire du respect quasi-religieux que cette incompréhensible tambouille technique m'inspirait alors). Aujourd'hui, c'est le contraire: on parle assez peu technique, quand on en parle le discours est presque intelligible, en revanche tout le monde casse du sucre sur notre président bien-aimé Nicolas Sarkozy, ceux qui le soutiennent, ceux qui l'accompagnent (jusque là, ça ne me gêne pas trop) et -- et là je suis nettement moins d'accord -- ceux qui font preuve de mollesse dans les critiques qu'ils adressent à toute cette clique. Au point, à mon avis, de faire fuir non pas seulement les trois pelés et le tondu de droite qui auraient pu s'égarer chez nous, mais simplement ceux que le discours politique emmerde. Il y a huit ans, quand un vieux gaullisto-giscardien se barrait, on lui courait après dans l'espoir vain de le faire revenir; aujourd'hui, quand un baba-cool peu politisé se pointe chez nous, personne ne se rend même compte que le gars se barre très vite parce qu'il s'ennuie mortellement; et si on s'en rendait compte, ce serait sans doute pour dire: "Bof! Pas une grosse perte."

Parinux devient, nettement, une association militante, au sens politique du terme. Encore une fois, je trouve l'évolution naturelle, compréhensible, et en plus elle va nettement vers des positions idéologiques qui sont les miennes. N'empêche que je n'aime pas trop. J'étais venu à Parinux pour parler technique, apprendre des bidouilles, en faire connaître d'autres: ça me donnait l'impression de progresser, si peu que ce soit (de fait, je n'ai pas appris à Parinux grand-chose d'autre que le simple nom de bidouilles que j'ai ensuite dû étudier tout seul; mais cela seul n'est pas rien). Aujourd'hui, nous passons notre temps à nous indigner ou, bien plus souvent, à nous marrer en cassant du sucre sur nos têtes de Turc habituelles, et ça donne l'impression... de tourner en rond, de se fermer à la critique et à l'avis des autres.

Oui, mais les autres ont tort! En effet, je pense que les adversaires du logiciel libre, des formats libres, de la libre circulation de l'information, ont tort. N'empêche que je m'ennuie un peu à leur casser du sucre sur la tête à longueur de temps. Ce n'est pas très enrichissant de ne discuter qu'avec des convaincus. J'ai parfois un peu le sentiment d'être à la messe ou même -- horresco referens -- à une réunion du Parti. Et peu importe que ce soit un parti d'une authentique pureté idéologique ou un ramassis d'ambitions mesquines tartiné de doctrine conformiste débile, comme celui où je me suis fourvoyé quelque temps: moi, je ne trouve pas bien enrichissante la discussion avec des convaincus absolus, quand la moindre tentative de nuance ou de mise en perspective est assurée de se prendre immédiatement quatre ou cinq coups de patte pas méchants, mais secs, envoyés de façon réflexe par la vox populi. Comme chantait Brassens, "le pluriel ne vaut rien / à l'homme et sitôt qu'on / n'est plus deux, quatre on est / une bande de cons!"

Je suis méchant avec les linuxiens, mes semblables, mes frères. Non, ils ne sont pas -- en tout cas, pas majoritairement -- une bande de cons. Mais un rassemblement de linuxiens ressemble aujourd'hui beaucoup plus à une aimable beuverie de soudards qu'à un forum technique. C'aurait été le contraire il y a huit ans. L'évolution est naturelle, compréhensible, inévitable, et même, au fond, louable: il est heureux qu'il y ait des militants face au grignotage consciencieux des libertés que nous subissons sans l'ombre d'un doute.

Tout cela est vrai. Mais j'aimais quand même mieux il y a huit ans.

jeudi 21 janvier 2010

In memoriam Gadfly


L'informatique représente le triomphe posthume de Léon Trotski en ceci qu'elle vit sous le signe de la révolution permanente: tout change tout le temps, et ce n'est pas vrai seulement au niveau planétaire, mais aussi en ce qui concerne mon petit nordinateur à moi. A peine avais-je rédigé ma chronique précédente que je m'apercevais qu'elle était déjà caduque, aussi vais-je m'employer à la corriger.

Eh bien non, le successeur de dBase III Plus, c'est-à-dire le système de gestion de bases de données relationnelles léger, facile à installer et programmable en SQL, ce n'est plus Gadfly: il a été nettement détrôné par SQLite, ou plus exactement (en tout cas, à mon humble avis) par le couple SQLite-Python. J'avais placé mes espoirs en Gadfly sur la foi du très remarquable Apprendre à programmer avec Python de Gérard Swinnen (O'Reilly, 2004), confirmé par le non moins remarquable Python en concentré d'Alex Martelli (O'Reilly, 2004). Comme le temps passe: ces remarquables bouquins dont je n'ai pas encore tiré toute la substantifique moelle sont déjà un peu dépassés (quoique non obsolètes) sur la question des bases de données, et alors que de leur temps SQLite n'était encore qu'un obscur projet pas finalisé et très mal connu, c'est aujourd'hui une référence incontournable au point que les versions récentes de Python intègrent en standard la librairie permettant de s'interfacer avec lui.

Par ailleurs, j'avais eu tendance à considérer SQLite comme peu fiable parce que je n'étais pas parvenu à l'installer par la procédure standard pour les linuxiens glandus moyens et non-administrateurs système, c'est-à-dire le gestionnaire de paquets (chez moi, c'est Synaptic, vu que je bosse sous Ubuntu). Ayant eu après la rédaction de ma dernière chronique la curiosité d'essayer avec la procédure classique pour linuxiens super-pêchus, administrateurs système ou assimilés (configure, make, sudo make install, make clean), j'ai constaté à ma profonde stupéfaction que ça marchait sans coup férir (et ça a d'ailleurs aussi marché sur la partition Mac OS X de mon MacBook). Du coup, non seulement SQLite est installé et fonctionne parfaitement en ligne de commande, mais en plus Python lui cause sans la moindre difficulté.

Immense vertu du SQL, ça m'a immédiatement permis de tester le bazar avec les bidouilles que j'avais mises au point avec Gadfly, ce qui m'a amené à constater que SQLite était incomparablement plus rapide -- donc je prends le pari que Gadfly va tomber en désuétude vite fait bien fait (ce qui est un peu vexant pour son auteur, mais à peu près sans conséquence pour les bidouilleurs dans mon genre, puisque l'usage du SQL standard, commun aux deux bazars, va permettre l'adaptation des listings en deux coups de cuiller à pot).

Bon, a dire il vero (1), j'ai quand même eu quelques difficultés mineures à adapter mes petits programmes de Gadfly à SQLite en raison de différences de gestion des caractères accentués. Gadfly ne les gérait pas vraiment, c'est-à-dire qu'il stockait les octets qu'on lui donnait un par un dans une chaîne normale, ce qui n'a rien pour effrayer le programmeur C que je suis. Le duo Python-SQLite, lui, a voulu faire les choses plus proprement et stocke tout dans des chaînes Unicode, avec les caractères accentués en UTF-8. En fait, c'est mieux et même nettement mieux... mais comme le programmeur C que je suis n'y connaissait rien ça a commencé par me poser bien plus de problèmes que ça n'était censé en résoudre. Mais je pense que je vous raconterai ça dans une prochaine chronique parce que celle-ci est déjà assez bavarde. Hasta pronto! (2)

(1) C'est de l'italien.

(2) C'est de l'espagnol.

vendredi 15 janvier 2010

In memoriam dBase III Plus


Il y a maintenant un peu plus de dix ans, au cours de l'année 1999, j'ai quitté le monde merveilleux (hum) de Microsoft au profit de Linux. J'ai assurément beaucoup plus gagné que perdu en faisant ce grand saut, mais je mentirais en prétendant que les logiciels libres ont toujours réussi dès le premier jour à prendre la place des produits commerciaux que j'utilisais alors -- plus ou moins légalement. Non seulement ils n'y sont pas parvenus dès le premier jour, mais ça leur a (ou plutôt, ça m'a) parfois demandé plusieurs années...

Au prix d'efforts assez considérables, j'ai trouvé des successeurs au petit langage de programmation Quick Basic avec lequel j'avais le sentiment de savoir faire à peu près tout. J'y suis parvenu, mais vraiment pas en un tournemain; et même, sur certains points, il me faut encore aujourd'hui trincailler pour obtenir en C, Java, Perl, Tcl/Tk, Python ou C++ (oui, j'ai réellement écrit des tas de bidouilles avec ces six langages) les effets que je n'avais aucun problème à réaliser avec ce bon vieux Quick Basic -- en particulier quand je cherche à obtenir un affichage graphique un peu lisible avec un peu de couleur.

J'ai aussi fini par trouver en GNU/emacs un successeur décent au traitement de texte complètement inconnu que j'utilisais sous MS-DOS, XyWrite III Plus. Ce dernier, presque totalement ignoré de toute la planète, était d'une souplesse et d'une rapidité inégalées par aucun de ses concurrents, et possédait cette merveilleuse vertu de tout enregistrer en Ascii étendu, c'est-à-dire l'un des formats les plus simples sinon les plus standard qui aient jamais existé (grâce à cela, je peux toujours lire mes textes rédigés il y a vingt ans, et pas grand-monde ne peut en dire autant). GNU/emacs, dont il est de bon ton de se gausser même parmi les linuxiens, me rend à peu près les mêmes services -- bien secondé qu'il est par une vingtaine de moulinettes écrites en C par mes blanches mains pour faire sauter certaines limitations.

Comment ça, des limitations? Nous parlons bien de GNU/emacs, la mère du logiciel libre, un programme si versatile que ses détracteurs affirment qu'il ne lui manque qu'un éditeur de texte décent pour se transformer en un système d'exploitation complet? Ben oui. GNU/emacs -- que j'aime -- est quand même d'abord fait pour écrire des fichiers informatiques constitués ligne par ligne, et il n'est donc pas exactement l'équivalent de mon bon vieux XyWrite III Plus qui, lui, savait afficher proprement paragraphe par paragraphe n'importe quel texte en cours de rédaction, sans lignes inégales, comme il convient pour le confort visuel du journaliste que je suis. Même pour moi qui aime beaucoup GNU/emacs, il s'agit d'une vraie faiblesse et je comprends tout à fait mes chers confrères journaleux qui trouvent qu'à ce compte-là ils préfèrent encore cette sombre daube de Word. Mais bon, globalement, j'ai quand même trouvé chez M. GNU un successeur acceptable à mon traitement de texte sous MS-DOS, et même assez rapidement.

Ce à quoi je n'ai pas trouvé d'équivalent avant ces derniers jours, c'est à l'empereur des logiciels piratés sous MS-DOS, j'ai nommé l'incontournable dBase III Plus. Oh, vous pouvez bien rigoler et prétendre que c'est une vieille daube. dBase III Plus représentait bel et bien, ne vous déplaise, un certain état de l'art dans la gestion des bases de données. Certes, il n'avait pas la puissance de mySQL, d'Oracle ou de PostgreSQL, mais il n'en avait pas non plus la lourdeur, et on n'avait pas à chaque instant avec lui le sentiment d'employer un marteau-pilon pour écraser une mouche. PostgreSQL ou Oracle, c'est certainement super-bien quand on est EDF ou la SNCF pour gérer des dizaines de millions d'enregistrements, je n'en disconviens pas. Mais pour les fichiers que le pékin moyen ou même la PME moyenne est réellement amené à manipuler dans la vraie vie, une telle usine à gaz est vraiment surdimensionnée, tandis que ce bon vieux dBase gérait avec une facilité déconcertante des bases de données relationnelles contenant quelques centaines, voire quelques milliers d'enregistrements -- ce qui, pour le lambda moyen et M. Tout-le-monde, est déjà très au-delà de ses aspirations les plus folles.

Eh ben, sous Linux, faut être honnête, un véritable équivalent à dBase III Plus, y avait pas. Oh, bien sûr, j'ai survécu sans grande difficulté, en renonçant aux systèmes de gestion de bases de données relationnelles (SGBDR de leur petit nom) au profit d'un tableur médiocre (OpenOffice.org Calc), c'est-à-dire qu'en fait de base de données je me contentais de bêtes tableaux alphabétiques avec des lignes et des colonnes. Ca convient à peu près à M. Pékin lambda, du moment qu'il est un peu méthodique et soigneux (et c'est mon cas). Mais si M. Pékin lambda est aussi programmeur (et c'est encore mon cas), il ne trouve pas vraiment son bonheur avec un outil aussi rudimentaire (et peu lisible: OpenOffice.org, c'est moche avec ses petites nicônes à la con, ses ascenseurs, ses palettes et toutes ces stupidités de marketing qui ne servent qu'à bouffer la moitié de l'écran).

J'entends le coeur des linuxiens me dire qu'OpenOffice.org a son propre langage de programmation, et même son propre SGBDR. Je sais. Je sais aussi que je n'ai jamais rencontré personne qui s'en servait. Par ailleurs, vous avez déjà dû le sentir, je déteste l'ergonomie d'OpenOffice.org et sa manie de chercher à ressembler à qui-vous-savez, alors que c'est précisément par exécration de qui-vous-savez que je suis venu sous Linux. Alors, me faire suer pour apprendre des méthodes inconnues de tous et de surcroît plagiées de celles du père Bill Gates (merde, je l'ai nommé)... comme dirait Edmond Rostand, non, merci!

L'air de rien, même quand on aime ça (et j'aime ça), se farcir la tête de docs informatiques, c'est fatigant. Aussi apprécié-je assez peu de devoir le faire pour maîtriser des outils qui ne me paraissent pas du tout standard, que personne n'utilise, pour l'emploi desquels personne ne sait me filer un coup de main, pour l'apprentissage desquels il est impossible de trouver un manuel de référence décent et pas caduc, et dont les spécifications changent tous les deux mois sous prétexte d'édifier la civilisation informatique. Moi, j'aime les bons vieux outils standard qu'on peut encore utiliser aujourd'hui avec des manuels écrits dans les années 1970: les éditeurs de fichiers Ascii; les compilateurs C; et donc, en matière de base de données, je veux du SQL ou rien.

Alors, mySQL, PostgreSQL, ou peut-être SQLite si ces deux bazars sont trop gourmands? Mmm. MySQL, ce n'est pas vraiment libre (et encore beaucoup moins depuis que c'est passé sous la coupe d'Oracle). PostgreSQL, disons-le clairement, c'est éléphantesque; d'ailleurs, son logo le revendique. Quant à SQLite, bien que ça me paraisse a priori très sympathique, le vieux fan de dBase III Plus que je suis trouve quand même qu'être forcé de bidouiller en C chaque fois qu'on veut faire une bête recherche même pas multi-critères, c'est lourdingue. J'entends encore le coeur des linuxiens qui me disent qu'il y a des librairies pour gérer SQLite (comme d'ailleurs mySQL et PostgreSQL) dans tous les langages de scripts un peu décents, genre Perl et Python. Je sais. Mais ça me gonfle de devoir me farcir, en plus de l'apprentissage de la syntaxe SQL, celui d'une librairie à peu près inconnue et dont, bien entendu, les spécifications changent toutes les deux heures vu que c'est du libre, work in progress et tout le toutim.

Bref. Je crois qu'avec Gadfly, j'ai trouvé mon bonheur (on sait tout faire après avoir lu trois pages de doc) -- mais je pense que je vous raconterai ça un autre jour parce que le temps passe, l'air de rien.

lundi 11 janvier 2010

Bonne année aux amis des triangles


C'est dommage que personne ne lise ce blog, parce que pour une fois je pourrais presque me fendre d'un éditorial: non seulement la date est idéale pour souhaiter la bonne année à tout mon lectorat, c'est-à-dire à moi-même, mais surtout je commence à avoir une vague idée de ce que j'ai envie de raconter ici -- alors que je n'en avais rigoureusement aucune quand j'ai commencé à regarder comment ça fonctionnait, au printemps dernier.

Ce blog vient d'être renommé "Triancey, le blog des amis des triangles". Bien entendu, quand j'ai trouvé ce slogan à deux balles, c'était d'abord avec l'idée de faire de la pub pour le fabuleux jeu Triancey dont je suis l'auteur. Mais l'expression m'a plu et j'ai fini par me convaincre qu'elle pouvait avoir un contenu, bien immodeste et pharaonique, comme j'aime: ce blog est un lointain descendant de l'école pythagoricienne, pas moinsse.

Pour simplifier et caricaturer à l'extrême les théories fumeuses et d'ailleurs fort mal connues de mon lointain prédécesseur, le grand Pythagore, je dirai que ce monsieur pensait que tout était nombre, et comme les nombres ne meurent jamais, Pythagore croyait aussi à la réincarnation (ou plus exactement à la métempsycose, qui s'écrit sans h pour le plus grand désespoir de l'helléniste distingué que j'essaie de faire croire que je suis). Eh bien, un aspect au moins des théories fumeuses de mon grand ancêtre a eu des prolongements glorieux, puisque la conviction qu'on peut à peu près tout numériser est le fondement même de l'informatique. Et moi, modeste informaticien aux idées métaphysiques bien fumeuses, je peux donc légitimement me considérer comme la réincarnation, sinon de Pythagore lui-même, tout au moins d'un de ses disciples. Le grand maître ne m'en voudra pas, et le disciple encore bien moins puisque tout le monde a oublié jusqu'à son nom. O mon peu illustre prédécesseur, mon semblable, mon frère, réjouis-toi car tu viens de retrouver un nom: tu seras désormais connu comme la vie antérieure de Jean-Luc Ancey, lequel est, j'espère que tu en conviendras, un inconnu au moins aussi illustre que toi.

Bref. Ce blog est celui d'un informaticien de peu d'envergure, mais quand même profondément convaincu qu'à peu près tout est numérisable et, en particulier, que la 3D peut être représentée par l'informatique comme un assemblage de triangles. Penser cela, n'est-ce pas se placer dans la droite lignée du grand Pythagore, qui a fait souffrir (pour la bonne cause) tant de centaines de millions d'élèves des cours de géométrie? Si fait. Mais alors que l'immense majorité des dits élèves a conçu pour cet enseignement une exécration nettement plus compréhensible que le théorème qui l'a fondé, moi-je, lointain avatar d'un obscur disciple du fils illustre de Samos (c'est de Pythagore qu'il s'agit, bande de moules, et ça m'exaspère de devoir vous le dire alors que j'avais employé cette circonlocution précisément pour ne pas avoir à répéter une fois de plus ce nom illustre), moi-je, donc, j'ai fini par éprouver pour la belle trigonométrie classique une affection presque comparable à celle que les chats m'inspirent, c'est dire. Et c'est en causant de trigonométrie à mes ordinateurs que j'ai fini par devenir un informaticien pas tout à fait nul et en tout cas un programmeur plutôt brillant pour un amateur, non non, je n'exagère pas et je ne me pousse pas du col, je suis en effet assez balèze pour construire un algorithme.

Or donc, ce blog, lointain avatar de l'école pythagoricienne, parlera surtout (mais sûrement pas exclusivement) de mes bidouilles informatiques en général, et en particulier de celles qui sont connectées dans ma tête à la trigonométrie et/ou à la métaphysique fumeuse. Et si y a que l'esprit du grand sage de Samos (a y est, vous avez pigé qui c'est?) pour me lire, m'en fous: moi je m'intéresse à ce que j'écris, na.

Bonne année quand même.