vendredi 5 février 2010

L'iPad, plus gros ordinateur miniature du monde


Crédit photo: Matt Buchanan.

Quel génie, ce Steve Jobs! Vise un peu la belle église! Enfin un ordinateur miniaturisé assez gros pour que les presbytes arrivent à lire ce qui est écrit dessus! Enfin un ordinateur sans clavier capable d'afficher un clavier ayant la taille d'un clavier et juste un tout petit poil moins ergonomique qu'un vrai clavier de messages SMS pour téléphones mobiles! Putain, c'est dingue! Et puis, ce qui est vraiment génial par rapport à l'iPhone dont cette tablette magique prend la succession, c'est que cette superbe babasse indispensable au snob moderne ne prend même pas la peine de prétendre qu'elle peut lui servir de téléphone! Quelle audace, quelle révolution! Plus rien ne sera jamais comme avant, comme à l'époque où les ordis servaient seulement à travailler alors que de toute évidence leur vraie fonction est de draguer les gonzesses (surtout celles qui aiment les beaux mâles à la barbe rase, comme Steve, et surtout au chéquier assez bien garni pour s'offrir ces dispendieux gadgets).

Evidemment que c'est la jalousie qui me fait tenir ces propos sarcastiques. N'empêche: fondamentalement, l'iPad n'est rien d'autre qu'un iPhone incapable de téléphoner et trois fois moins miniaturisé que son grand frère (grand frère qui, justement, se trouve être plus petit)... donc nettement moins cher à produire (en dehors de l'écran, pour lequel les économies d'échelle peuvent déjà être anticipées). Et la colossale finesse de Steve Jobs, c'est de vendre nettement plus cher une machine qui coûte nettement moins cher à produire. Dans le monde des geeks, on appelle ça un coup de génie... mais personnellement j'aurais plutôt tendance à trouver que c'est un exercice de foutage de gueule particulièrement réussi. Car immédiatement toute la planète est tombée amoureuse de l'iPad, veut un iPad pour Noël, veut partir au ski avec l'iPad, veut montrer à tout le monde les dessins des enfants sur l'écran de l'iPad. Rendez-vous compte: un ordinateur! couleur! avec un écran! rectangulaire! sans clavier! sauf si on veut lui en rajouter un! C'est vraiment du jamais vu. M'en mettrez quinze!

La chose a pourtant de réelles vertus. En premier lieu, elle ringardise superbement le pachydermique Windows 7 avec son interface tactile à deux balles: l'ergonomie de Seven est à celle de l'iPad un peu ce que le lyrisme de Paul Déroulède est à Dante Alighieri, ou la musique de l'Orphéon de La Garenne-Bezons à Franz Schubert. Pas la peine d'espérer que ça change: le beau Steve a déposé des brevets planétaires sur à peu près tous les gestes qu'on peut effectuer avec un, deux, trois voire quatre doigts. Je fais glisser le doigt vers le bas, le texte glisse vers le bas: brevet. Je tape un coup sur l'écran, ça simule un clic de souris: brevet. Je tape deux coups sur l'écran, ça simule un double-clic: brevet. Je secoue l'écran, ça l'efface façon ardoise magique: brevet. Tout est pris, breveté, verrouillé, sauf peut-être l'idée géniale de désigner un point sur l'écran en posant le doigt dessus: ça, c'est libre; et ça tombe bien, c'est tout ce que Windows 7 sait faire (et encore Microsoft n'a-t-il trouvé l'idée qu'en plagiant outrageusement la légendaire ergonomie des distributeurs de billets de la SNCF). Quant au mode de fonctionnement des cons d'ordinateurs à clavier, c'est plus que ringard, c'est carrément antédiluvien. Le clavier, c'est un truc de losers, une vieillerie, à peu près aussi attrayante pour le consommateur qu'une lampe à pétrole ou un phonographe à manivelle. Et je vous raconte pas comme je me sens couillon avec mon ordinateur à clavier (un MacBook, pourtant) et mon système d'exploitation avec une ligne de commande en guise d'interface homme-machine...

Passons. La seconde vertu du truc, c'est qu'on va trouver des livres électroniques vendus avec seulement 30 % de royalties pour Steve Jobs, contre... 70 % de racket sur les Kindle d'Amazon. Quand on vous disait que Steve Jobs était un idéaliste et que tous ceux qui le critiquent c'est rien que des jaloux.

1 commentaire:

  1. Very enlightening and beneficial to someone whose been out of the circuit for a long time.

    nolvadex

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